A une pendaison de
crémaillère, j'ai rencontré un certain Benjamin qui m'avait raconté
l'histoire de mecs qui avaient fait une expérience : ne presque pas dormir
pendant quelques jours. "J'ai lu ça dans Neon, c'est une nouvelle
revue". Il n'en fallait pas plus pour attiser ma curiosité : je me suis
procuré le numéro deux.
Dès l'édito, la couleur
est annoncée "A Neon, on aime se poser des questions à la con".
Suivent quelques articles farfelus : une page sur les savoirs inutiles
("En russe, "blédina" signifie "prostituée", "Une
personne sur 18 est dotée d'un troisième téton", ...), un article consacré
à la place du jambon sur le web (extrait choisi : "La baconmania ouvre
l'appétit autant que l'imagination. C'est la gourmandise à l'état pur. Mais
est-ce que c'est swag ? Difficile à dire vu que le mot a une définition aussi
variable que l'humeur des ados"), un dictionnaire de néologismes
("l'affreuluquet" et "l'allergeek" feront désormais partie
de mon vocabulaire), un autre sur les risques encourrus par l'usage d'un
téléphone portable dans un avion... Suivent des reportages sur une self-made
star du porno allemand, la jeunesse grecque, les limites de l'amitié, le jeûne,
l'amour chez les autistes et un sport un peu bizarre : le roller derby. Une
rubrique s'appelle "interview sommaire" : une personalité commente le
sommaire du magazine, sur une page donc assez sommairement. Ca a l'air
narcissique de la part de Neon à première vue, mais non, la personalité parle
plus d'elle que du magazine. Les dernières pages parlent un peu de mode et de
déco. Je ne sais pas si c'était vraiment utile, ni si c'est dans le ton, mais
c'est dans l'air du temps. Le magazine s'achève sur une playlist "ce qu'on
a écouté en bouclant ce numéro". Pourquoi pas, même si le concept a déjà
été utilisé par le magazine "Illimité" qu'on trouve dans les cinés
UGC.
Finalement, Neon, c'est
une revue drôle, jeune, geek, branchée mais pas trop, décalée et ouverte sur le
monde.
J'ai aussi découvert une
autre revue : XXI. La première chose qui a attiré mon attention : le format.
C'est un trimestriel qui se vend en librairies et il n'y a aucune pub !
"Mais enfin Jérôme c'est pas nouveau, Courrier International fait ça
aussi". Oui je sais. Mais Courrier International, c'est un hebdo. Les
pages de XXI sont richement illustrées de photos et de dessins. La deuxième et
la troisième de couverture sont uniquement recouvertes de... papier peint.
L'absence de pub, ça libère de la place ! Bon, et parlons de la périodicité :
un trimestriel ? Mais quelle idée géniale ! Aujourd'hui on ne consomme plus les
informations que sous forme de dépêches, de contre-dépêches et de
contre-contre-dépêches. Tout est dans l'immédiateté. En choisissant de ne
paraître qu'une fois tous les trois mois, XXI s'affranchit de tout ce brouhaha
médiatique pour approfondir ses sujets.
La deuxième chose qui m'a
frappé, c'est le casting des collaborateurs : Johnathan Littell et Emmanuel
Carrère, deux scribouillards connus et reconnus (si mes souvenirs sont bons, le
premier avait reçu une distinction pour "les Bienveillantes" il y a
deux ou trois ans et le deuxième a eu le prix Renaudot pour
"Limonov"). Là je sais déjà ce que vous allez me dire : "Mouais,
Philippe Sollers écrit pour le NouvelObs et "Jean d'O" tient un edito
dans le Figaro, alors tes auteurs, c'est de la gnognotte à côté".
Peut-être que les CV sont plus verts ailleurs, je vous l'accorde, mais c'est
déjà pas mal. La revue est un peu moins "nouvelle" que Neon : il y a eu 18 numéro à ce jour et
pour un trimestriel, c'est signe de longévité. D'ailleurs, j'ai vu XXI
apparaître pas mal de fois dans le classement des meilleurs ventes d'essais que
publie le NouvelObs. Bon mais à part ça, XXI ça parle de quoi ? La réponse est
dans l'édito : "XXI s'intéresse aux grands bouleversements du monde, à la
vie au ras du sol, à tout ce qui est important et qui dure". Le dernier
numéro traitait du forum de Davos, de la dangerosité de la ville de Juarez au
Mexique, de la vie des lycéens des Vosges, des séquelles de la crise
immobilière en Espagne et, excusez du peu, il se termine par un reportage en BD
sur les femmes au Yémen. Pour ceux d'entre-vous qui savent qui est Christophe
de Margerie, essayez de vous procurer la revue : vous allez y lire un portrait
du PDG de Total comme vous n'en lirez jamais dans la presse traditionnelle. Je
ne vous en dis pas plus. Après ce bref panorama des sujets traités vous devez
vous demander si elle ne serait pas un peu altermondialiste sur les bords,
cette feuille de chou. Un peu... Le sérieux de la revue n'en est pas pour
autant remis en question : les articles se terminent de manière trés
pédagogique par des notes, des cartes, des essais, des films et des
documentaires pour aller plus loin.
En guise de conclusion,
XXI, c'est une revue qui donne envie de prendre le temps, d'éteindre son
téléphone, son ordi et sa télé (pour ceux qui ne l'ont pas encore massacrée à
coups de piolet), de se poser dans un bon fauteuil et de lire tranquilement.
J'aurais bien aimé terminer
en commentant une troisième revue : "La bougie du sapeur". Hélas,
elle ne sort que les 29 février et je n'ai pas réussi à me la procurer. Soyez
patients.
Tu m'as donné envie d'acheter Neon, bravo (t'as vu, je lis ton blog \o/ )
RépondreSupprimerEt Cosmo et Biba dans tout ça, hein ?
RépondreSupprimerTu n'auras qu'à en parler sur Alicetbert !
SupprimerPareil, Neon ça me tente bien.
RépondreSupprimerDevant l'engouement de beaucoup de gens pour Neon, je me dois de préciser que je ne touche aucun pourcentage de leurs ventes pour avoir fait leur pub.
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