lundi 22 octobre 2012

Revue de presse alternative


A une pendaison de crémaillère, j'ai rencontré un certain Benjamin qui m'avait raconté l'histoire de mecs qui avaient fait une expérience : ne presque pas dormir pendant quelques jours. "J'ai lu ça dans Neon, c'est une nouvelle revue". Il n'en fallait pas plus pour attiser ma curiosité : je me suis procuré le numéro deux.

Dès l'édito, la couleur est annoncée "A Neon, on aime se poser des questions à la con". Suivent quelques articles farfelus : une page sur les savoirs inutiles ("En russe, "blédina" signifie "prostituée", "Une personne sur 18 est dotée d'un troisième téton", ...), un article consacré à la place du jambon sur le web (extrait choisi : "La baconmania ouvre l'appétit autant que l'imagination. C'est la gourmandise à l'état pur. Mais est-ce que c'est swag ? Difficile à dire vu que le mot a une définition aussi variable que l'humeur des ados"), un dictionnaire de néologismes ("l'affreuluquet" et "l'allergeek" feront désormais partie de mon vocabulaire), un autre sur les risques encourrus par l'usage d'un téléphone portable dans un avion... Suivent des reportages sur une self-made star du porno allemand, la jeunesse grecque, les limites de l'amitié, le jeûne, l'amour chez les autistes et un sport un peu bizarre : le roller derby. Une rubrique s'appelle "interview sommaire" : une personalité commente le sommaire du magazine, sur une page donc assez sommairement. Ca a l'air narcissique de la part de Neon à première vue, mais non, la personalité parle plus d'elle que du magazine. Les dernières pages parlent un peu de mode et de déco. Je ne sais pas si c'était vraiment utile, ni si c'est dans le ton, mais c'est dans l'air du temps. Le magazine s'achève sur une playlist "ce qu'on a écouté en bouclant ce numéro". Pourquoi pas, même si le concept a déjà été utilisé par le magazine "Illimité" qu'on trouve dans les cinés UGC.

Finalement, Neon, c'est une revue drôle, jeune, geek, branchée mais pas trop, décalée et ouverte sur le monde.


J'ai aussi découvert une autre revue : XXI. La première chose qui a attiré mon attention : le format. C'est un trimestriel qui se vend en librairies et il n'y a aucune pub ! "Mais enfin Jérôme c'est pas nouveau, Courrier International fait ça aussi". Oui je sais. Mais Courrier International, c'est un hebdo. Les pages de XXI sont richement illustrées de photos et de dessins. La deuxième et la troisième de couverture sont uniquement recouvertes de... papier peint. L'absence de pub, ça libère de la place ! Bon, et parlons de la périodicité : un trimestriel ? Mais quelle idée géniale ! Aujourd'hui on ne consomme plus les informations que sous forme de dépêches, de contre-dépêches et de contre-contre-dépêches. Tout est dans l'immédiateté. En choisissant de ne paraître qu'une fois tous les trois mois, XXI s'affranchit de tout ce brouhaha médiatique pour approfondir ses sujets.

La deuxième chose qui m'a frappé, c'est le casting des collaborateurs : Johnathan Littell et Emmanuel Carrère, deux scribouillards connus et reconnus (si mes souvenirs sont bons, le premier avait reçu une distinction pour "les Bienveillantes" il y a deux ou trois ans et le deuxième a eu le prix Renaudot pour "Limonov"). Là je sais déjà ce que vous allez me dire : "Mouais, Philippe Sollers écrit pour le NouvelObs et "Jean d'O" tient un edito dans le Figaro, alors tes auteurs, c'est de la gnognotte à côté". Peut-être que les CV sont plus verts ailleurs, je vous l'accorde, mais c'est déjà pas mal. La revue est un peu moins "nouvelle"  que Neon : il y a eu 18 numéro à ce jour et pour un trimestriel, c'est signe de longévité. D'ailleurs, j'ai vu XXI apparaître pas mal de fois dans le classement des meilleurs ventes d'essais que publie le NouvelObs. Bon mais à part ça, XXI ça parle de quoi ? La réponse est dans l'édito : "XXI s'intéresse aux grands bouleversements du monde, à la vie au ras du sol, à tout ce qui est important et qui dure". Le dernier numéro traitait du forum de Davos, de la dangerosité de la ville de Juarez au Mexique, de la vie des lycéens des Vosges, des séquelles de la crise immobilière en Espagne et, excusez du peu, il se termine par un reportage en BD sur les femmes au Yémen. Pour ceux d'entre-vous qui savent qui est Christophe de Margerie, essayez de vous procurer la revue : vous allez y lire un portrait du PDG de Total comme vous n'en lirez jamais dans la presse traditionnelle. Je ne vous en dis pas plus. Après ce bref panorama des sujets traités vous devez vous demander si elle ne serait pas un peu altermondialiste sur les bords, cette feuille de chou. Un peu... Le sérieux de la revue n'en est pas pour autant remis en question : les articles se terminent de manière trés pédagogique par des notes, des cartes, des essais, des films et des documentaires pour aller plus loin.

En guise de conclusion, XXI, c'est une revue qui donne envie de prendre le temps, d'éteindre son téléphone, son ordi et sa télé (pour ceux qui ne l'ont pas encore massacrée à coups de piolet), de se poser dans un bon fauteuil et de lire tranquilement.


J'aurais bien aimé terminer en commentant une troisième revue : "La bougie du sapeur". Hélas, elle ne sort que les 29 février et je n'ai pas réussi à me la procurer. Soyez patients.

5 commentaires:

  1. Tu m'as donné envie d'acheter Neon, bravo (t'as vu, je lis ton blog \o/ )

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  2. Et Cosmo et Biba dans tout ça, hein ?

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  3. Devant l'engouement de beaucoup de gens pour Neon, je me dois de préciser que je ne touche aucun pourcentage de leurs ventes pour avoir fait leur pub.

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