J'ai reçu un sms : "Tu écris comme un hipster". Je ne sais pas si c'est
un compliment. Je ne sais même pas ce que ça veut dire. Connaissant
l'expéditrice du message, elle a probablement voulu écrire "chipster"
et par la magie du T9, c'est "hipster" qui a été envoyé. Ou alors
c'est dû à sa légère dyslexie.
"Hipster",
c'est un terme que j'avais vu dans les pages "tendances" du NouvelObs
mais comme je ne fais que les survoler, j'en ai juste retenu que le hipster
dans son habitat naturel fait du vélo à pignon fixe, qu'il porte des chemises à
carreaux et qu'il connaît Berlin comme sa poche. C'est un peu maigre. Aucune
info sur son comportement pendant la saison des amours, le mode de reproduction
et l'élevage des marmots. Du coup j'imagine que le hipster est un bobo en plus
jeune mais je suis encore dans le flou. Heureusement, j'ai trouvé plus
d'explications dans la préface du livre "Sur la route" écrite par
Michel Morht (Comment ? Vous ne connaissez pas Michel Morht ? Rassurez-vous : moi
non plus) : "être "beat", c'est rejeter le passé et le futur,
se rebeller contre toute autorité organisée, mépriser le "square". Le
"square" (mot qui signifie à la fois carré et honnête) est celui qui
vit enfoncé dans son ornière, qui croit témoigner par sa vie en faveur de
toutes les valeurs décentes. D'autres termes, eux aussi empruntés au jazz et à
la danse, servent à exprimer un état d'esprit, une morale vague, une esthétique
plus vague encore : le mot "cool" : frais, léger ; le mot
"hip" : hanche". Maintenant, vous comprenez pourquoi est-ce
qu'il y a la chanson "It's hip to be square" du groupe Huey Lewis and
the News dans la BO du film American Psycho. Si j'en crois Michel Morht,
le hipster serait avant tout le contraire du mec en costume qui marche vite
dans le RER et qui vit sa vie sans se poser des questions comme "D'ou
viens-je ?", "Qui suis-je ?", "Où vais-je ?" et
"Comment se fait-ce ?". Hum... Au moins, les gens qui sont square
on les reconnaît, les autres, c'est moins évident.
Je crois avoir rencontré
un hipster une fois, à la pendaison de crémaillère d'une coloc de médecins. A
mon avis, il avait le style du hipster : barbe de trois semaines, sweat à
capuche vert fluo qui recouvre un T-shirt tout aussi coloré, à l'aise dans ses
baskets. Et puis, en faisant connaissance, j'ai appris qu'il avait 40 ans,
qu'il était psychiatre et que la brune aux jolis yeux avec qui je flirtais
discutais était son interne. Un hipster peut-il être psychiatre ou est-ce que
c'est un métier trop square ?
Finalement, j'ai trouvé
la définition la plus précise dans un sitcom : 2 Broke Girls. C'est un sitcom,
ni bon ni mauvais, avec des rires après les répliques censées être drôles même
si elles ne le sont pas toujours. La trame (deux filles sont fauchées donc
elles bossent dans un "diner") a l'avantage de se passer à New York,
ville où apparemment les hipsters prolifèrent. Dans un des épisodes, les
héroïnes vont faire leur lessive dans une laverie et elles découvrent que la
laverie est occupée par des hipsters qui comptent y organiser une soirée disco.
L'organisatrice leur explique sa démarche : "Nous les hipsters, nous
faisons des choses qui n'ont jamais été faites avant".
Epilogue
Jérôme s'est demandé s'il
n'allait pas revêtir un sweat à capuche, aller à un festival underground et se
lancer dans une activité artistique. Après tout, il aime la musique des frères
Kalkbrenner, et ils sont bien berlinois. Là, Jérôme s'est souvenu qu'il faisait
du badminton, qu'il roulait en Twingo et que Fritz et Paul Kalkbrenner, avaient
sorti leurs chansons les plus connues en 2008. Il a allumé une clope et il s'est dit : "elle a
dû vouloir écrire "chipster" assurément".
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