vendredi 26 octobre 2012

La règle des prénoms

J'ai entraîné pendant 5 ans à Poissy. Quand on s'occupe de jeunes dans un gymnase, on est obligé de retenir les prénoms. Si vous criez, "hé toi là bas, arrête de taper ton camarade avec ta raquette", il ne remarque même pas que vous vous adressez à lui. Si vous criez "Jordan ! Laisse Kevin tranquille !", le Jordan en question sait qu'il est repéré. J'ai une bonne mémoire des prénoms et trés vite, mes entraînements ressemblaient à ça :

"Enzo, tu joues contre Driss sur le terrain du fond"

"Cindy et Jenifer contre Alison et Ophélie sur le central".

"Non Stanley, tes jeans G-Star tombés du camion, même moitié prix, ça ne m'intéresse pas, je trouve ça vulgaire".

"Britney arrête de raconter à tout le monde que tu kiffes trop Djokovic parce qu'il fait du tennis et qu'il roule en Ferrari. Le copain de ma nana fait du badminton et il roule en Twingo, ça ne l'empêche pas d'être un mec génial".

"Non Stanley, tes coques pour iphone ne m'intéressent pas non plus".

"Dorothée ça n'intéresse personne de savoir que tu es "in love" de Nicolas Duvauchelle. J'en ai rien à foutre de savoir qu'il te donne "l'impression d'être en sécurité avec ses airs protecteurs" : file t'échauffer !".

Un truc que je ne supporte pas, c'est les jeunes qui discutent pendant que j'explique un exercice : "Johnny, Steeve, de quoi vous parlez tout le temps ? De PMU ? Vos parents vous laissent jouer aux courses ? Ah ils y jouent aussi... Bon je reprends pour les deux du fond".

"Ok, rassemblement ! Bon, les enfants, j'ai vu un mec patibulaire rôder dans les couloirs du gymnase... Alors vous ne partez pas sans vos parents". Un violeur de la maison centrale de Poissy s'est évadé et il croit qu'il va venir recruter sa prochaine victime parmi mes nains ? Il faudra qu'il me passe sur le corps d'abord soit vachement convaincant. Quand le mec patibulaire est entré dans le gymnase un quart d'heure après, une gamine a bondi vers lui en s'écriant "Papa !". Ouf.


Et puis, une chose en entraînant une autre, j'ai entraîné un autre club : Maisons-Laffite. La règle "Quand on s'occupe de jeunes dans un gymnase, on est obligé de retenir les prénoms" s'appliquait encore :

"Charles-Henry, tu joues contre Louis-Xavier en simple. Charles, Henry, Louis et Xavier vous ne bougez pas tant que je ne vous ai pas appelé".

"Emile-Louis tu joues contre... Hé Emile-Louis je te parle ! Ah c'est Henry-Louis ton prénom ? Désolé j'ai confondu avec un autre".

"Marie-Catherine ! Si tu laissais ta croix dans ton sac tu jouerais peut-être mieux"

"Océane, cette fois-ci t'oublies pas ton sac Longchamp après l'entraînement, ça fait tache dans le placard du club".

"Chloé ça n'intéresse personne de savoir que tu es in love de Nicolas Duvauchelle. J'en ai rien à foutre qu'il te fasse "frissonner de danger avec ses allures de mauvais garçon" : file t'échauffer !".

Ce n'est pas parce que j'ai changé de club que j'accepte que ça discute dans les rangs pendant que j'explique un exercice : "Alban, Octave : vous parlez de quoi tout le temps ? De courses ? Vos parents vous laissent... ? Ah ils ont des écuries... Bon je reprends pour les deux du fond".

"Ok, rassemblement ! Bon les enfants, j'ai vu le patron d'Axa dans les tribunes, il attend son môme. Moi j'ai besoin d'un stage. C'est lequel d'entre vous qui va gagner le jeu qu'on fera en fin de séance ?"

Changer de monde, c'est juste une question d'adaptation.

1 commentaire:

  1. Un peu cliché mais bien marrant. Au fait, t'as pas vu mon imper Burberry au gymnase ? ^^

    RépondreSupprimer