"Parigot, tête de
veau !"
Dicton provincial
La campagne, un monde à
part
J'étais fraîchement
descendu du train, mon cousin était au volant, les villages défilaient, et
quelque chose m'a interpellé :
Jérôme : "Tiens
c'est marrant, les noms des patelins se finissent tous pareil : Plissonac,
Safrac, Meyerac... C'est vraiment un truc qu'on ne voit qu'à la campagne
!"
Pierre : "Ah oui ?
T'habites où toi au fait ? Roissy ?"
Jérôme : "Non Roissy
c'est là où il y a l'aéroport. Moi j'habite à Poissy. C'est pas trés loin de
Boissy, sur le RER A, la ligne qui part de Noisy en passant par Chatou-Croissy.
Pourquoi tu me demandes ça ?"
Ma question est restée
sans réponse : nous étions arrivés.
Après m'être rapidement
installé, j'ai demandé à ma cousine : "On pourrait aller chez Uniqlo
rapidement demain pour que j'achète des t-shirts ? Parce que je n'en ai que
deux et quelques chemises". Elle m'a répondu "Pourquoi pas une
boutique Hermès tant que t'y es ?". Du coup j'en ai acheté chez Monoprix :
à la guerre, comme à la guerre.
Les gens qui viennent de
Dordogne sont-ils cultivés ?
La réponse est non. J'en
veux pour preuve que ma cousine ne pourrait même pas me citer une chanson de
David Guetta. Je vous jure ! Cette prof de Français-Latin-Grec ferait bien
d'allumer la télé de temps en temps, histoire de se meubler l'esprit.
On avait un peu de temps
avant le dîner alors elle s'est assise à son piano. J'avais peur : je sentais
qu'elle allait me jouer une version acoustique de "La bite à Dudulle"
ou de "Manon la gueuse n'a pas de culotte". En fait ça allait. Ce
n'était pas non plus du Nicolas Jaar, mais elle n'avait qu'un piano. "Ca
c'était un morceau d'Edvard Grieg, maintenant je vais te jouer une gymnopédie
d'Erik Satie", m'a-t-elle dit. Je ne savais pas qui étaient ces gens,
probablement des troubadours locaux qui ont participé au folklore régional et
dont les chansons se transmettent oralement, de générations en générations. Les
gens de la campagne sont toujours trés attachés à leur terroir, c'est bien
connu.
Y a-t-il le métro à la
campagne ?
La réponse est oui, mais
il vaut mieux ne pas le prendre. Pour commencer, le billet est super cher pour
un trajet. Ensuite, entre le moment où vous arrivez à la station, et celui où
votre métro arrive, vous avez le temps de faire du tourisme. Une fois que le
contrôleur a composté votre billet, vous foncez vous asseoir pour ne pas être
sur un strapontin ou pire, debout à vous tenir à une barre. Et c'est là que
vous réalisez que le métro laisse à désirer : pas de fenêtres, pas de toit,
juste des barrières et des petits sièges. Après, ça ne va pas en s'arrangeant :
celui qui vous avait contrôlé quelques instants plus tôt s'improvise conducteur
et il met la locomotive en route. Là vous commencez à flipper. A peine
avez-vous parcouru quelques centaines de mètres que la rame s'arrête en pleine
voie. Le contrôleur-conducteur commence à se confondre en excuses mais vous ne
l'écoutez pas. Vous savez déjà de quoi il parle : "incident voyageur",
"problème matériel"... Du coup vous regardez les tags, sur les murs
du souterrain, et vous vous dites que pour avoir fait des mammouths partout,
celui qui a fait ça devait être en sérieuse panne d'inspiration.
Le contrôleur-conducteur
continue de raconter sa vie et là, il se passe quelque chose d'intéressant.
Vous ne prêtez absolument pas attention au discours du cheminot parce que les
revendications salariales, la libéralisation rampante, la remise en cause des
acquis sociaux, vous connaissez la chanson et soudain, vous remarquez que vous
êtes bien le seul et que les autres usagers se prennent de passion pour la
cause de cet individu. Ils lui posent même des questions, voire mieux, ils
l'interrompent : "Est-ce que... ?", "Jusqu'à quand... ?",
"Mais pourquoi... ?", "Et comment... ?".
Vous en sortez fourbu,
vous rentrez chez votre tante en vous disant qu'on ne vous y prendra plus et
vous tombez sur votre oncle qui vous demande "Alors, ça t'a plu les
peintures rupestres de la grotte de Rouffignac ?". Vous lui répondez que
oui, parce que vous êtes bien élevé et vous gardez vos critiques sur les
infrastructures locales pour vous.
Y'a t-il des hipsters à
la campagne ?
Encore une fois, la
réponse est oui. Moi j'ai toujours cru que les hipsters, c'était comme les
cégétistes : il n'y en a que dans les familles des autres. Et j'ai vu mon
cousin, coiffé d'une casquette de cycliste (?), les cheveux longs (??), et
arborant une barbe de neuf mois (???).
Jérôme : "Mais mon
cousin ! Mais... Mais vous êtes un hipster !"
Pierre : "Un quoi
?"
Jérôme : "Un hipster
! Ces hurluberlus qui portent la barbe et qui font du pignon fixe !"
Pierre : "Ah ça
s'appelle des "pignons fixes" les vélos sans vitesses qu'on a à
l'Ensam ?"
Il m'a expliqué que dans
son école d'ingé, la tradition était pour les première année de ne pas se raser
et de ne pas se couper les cheveux jusqu'à la rentrée suivante. Ne me demandez
pas comment font ceux qui redoublent, je n'ai pas la réponse.
Que fait-on les soirs de
week end à Périgueux ?
En région parisienne, en
général, on descend des pintes dans des pubs. Ils ont chacuns leurs avantages
bien définis : pour jouer aux fléchettes, on va au O'Briens (métro Invalides).
Pour boire un ricard à deux euros, on va soit au Crystal dans le XVème, soit dans
un Hide Out. Pour aborder des inconnus en leur faisant des tours de magie, on
va au Mc Bride de Châtelet ou au Pop In à Oberkampf. Et pour les quizzs, on va
au Motel (métro Ledru Rollin). Avant on allait au Bitter à Saint-Ger, mais on
n'y va plus trop. A Périgueux, le Star In a eu l'idée saugrenue de permettre de
pratiquer toutes ces activités.
Après un quizz dont la
première place nous a échappé de peu (les mecs je vous avais bien dit que
"honshu" ça s'écrivait sans accent...), alors que j'étais en train de
lutter pour sauver ma peau au killer, je suis allé au bar chercher ma deuxième
pinte et j'avais déjà deux pastis dans le sang. C'est donc tout naturellement
que j'ai fait la connaissance d'un Sud-Africain. Une partie de fléchettes plus
tard je savais qu'il venait de finir ses études et qu'il était en vacances chez
son oncle. Le problème avec les gens qu'on rencontre comme ça, c'est qu'après
les questions d'usage et deux trois blagues* et on arrive à court de
discussion. On arrive à court de discussion, sauf si on a de la culture.
"Have you seen on Youtube the video of the song "Call me maybe"
by the Miami Dolphins Cheerleaders ?". J'avais relancé la soirée.
*La prochaine fois que
vous rencontrerez un Sud-Africain dans un pub périgourdin, vous pourrez lui
demander la chose suivante "Where does the sergent put his armies ?".
La réponse est "in his sleevies". La traduction française de cette
blague est "Avec quoi ramasse-t-on la papaye ? Avec une foufourche".
Bien entendu, il vous répondra "very very bad joke". Vous pourrez
alors lui demander : "how do you call a blind deer ?" et le regarder
vous regarder avec des yeux tout ronds. C'est là que vous lui assénez gentiment
l'estocade : "You don't know ? You have no eye deer ?". Si il
est sympa, il vous demandera ce que vous voulez boire. Il se peut-même qu'il
vous raconte une blague de son pays : "how does an Australian find a sheep
in high grass ?". Toutes mes confuses mais la bienséance m'empêche de vous
donner la réponse par écrit.
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