dimanche 27 juillet 2014

J'aime pas trop les enfants



On est bien d'accord

Dans la catégorie des maux qui comptent triple, je mets les enfants en première position. Que les choses soient claires dès maintenant : je ne dis pas ça parce que c'est salissant. Quand il s'agit de mettre les mains dans le cambouis pour faire la vidange de la Twingo, je réponds présent. Non, les gamins, c'est au delà.

Je sais déjà ce que vous allez me demander : « T’écrivais pas dans un article précédent que t’étais l’entraîneur de toute une grappe de marmots ? ». Si, justement, « j’étais ». D’ailleurs ceci explique sûrement cela : j’ai dû être en surexposition à un âge où on est particulièrement sensible.

Ces derniers temps j’ai reçu pas mal de faire-parts de naissance. Et je dois concéder que les photos des petits bouts de chou m’arrachaient souvent un sourire attendri. En photo les enfants ne me dérangent pas. Je dirais même que c’est comme ça que je les préfère. Quel était le linguiste qui écrivait que le mot « merde » ne pue pas ?


Privé de desserts jusqu'à ta majorité.

Je me souviens du film « Brain Dead ». C’est un film de zombies. Ca j'aime bien. Il y a une scène qui se passe dans une cuisine : un bébé zombie est propulsé dans les airs et il atterrit pile dans un mixeur éteint. Et l’héroïne de poser sa main sur le bouton de marche de l’appareil… avant de se raviser. Quel triste manque de panache !



Oooh il est trop mignon ! Je peux le prendre dans mes bras ?

Au quotidien, les territoires sont balisés : je leur laisse les environs des écoles, les squares et le Mac Do le mercredi midi. Le reste est à moi, excepté les transports. C’est un no man’s land entre l’enfance et l’âge adulte, une sorte d’adolescence. On y cohabite tant bien que mal. Pas de Rosa Parks entre nous.

Franchement, les mioches ont peut-être un statut de citoyens de seconde zone mais si ça ne leur va pas, ils n'ont qu'à présenter un candidat aux élections et à voter pour lui.

 

Mon wagon est rempli de gamins ? 
Je vais plutôt aller m'asseoir entre deux voitures, sur un strapontin. 

Une petite anecdote heureuse pour conclure cet article : j’étais au supermarché, j’avais bien repéré la horde de lardons qui chahutaient aux abords de la jupe de leur mère débordée quand j’en ai vu un, qui s’était éloigné du troupeau, guidé par son insouciance. J’avais un pack de bières à la main, à peu près à sa hauteur. C'est lourd, un pack de bières. Lui il venait dans ma direction, gambadant au guidon d’un caddie modèle un demi dont il ne contrôlait que trés partiellement la trajectoire. Vu de loin, ça pouvait facilement passer pour un accident. C’était tellement tentant… 

Même toi t’aurais cédé.

vendredi 18 juillet 2014

Comment pécho une dame du monde comme un authentique gentleman ?

Avant propos

1. Cet article étant plutôt destiné à un public masculin, il sera substantiellement illustré.
2. La compréhension complète de cet article requiert un niveau d’anglais de début de cinquième. Nous vous prions de nous en excuser.

Document 1. Un gentleman sur le point de pécho une dame du monde.

Pour commencer, qu'est-ce qu'un gentleman ? Ici un exemple sera plus parlant qu'une définition abstraite. Imaginons que vous soyez invité à un dîner chez la baronne de ***. Par maladresse, vous arrivez un peu en avance et la maîtresse de maison n'a pas fini de s'appréter. Vous demandez à ce que l'on vous indique la salle de bains, vous en ouvrez la porte, et là, vous tombez nez à nez sur la baronne dans son plus simple appareil. Si vous déclamez un peu honteux "Pardon madame", vous êtes quelqu'un de bien élevé. Si vous dites "Pardon monsieur", vous êtes un gentleman. Maintenant, qu'est-ce qu'une dame du monde ? On peut la définir comme étant l'opposé d'un diplomate. Un diplomate est un individu qui dit "oui", quand il veut dire "peut-être", qui dit "peut-être", quand il veut dire "non", et s'il dit "non", c'est que ça n'est pas un diplomate. Une dame du monde a exactement le comportement inverse : quand elle dit "non", ça veut dire "peut-être", quand elle dit "peut-être", ça veut dire "oui", et si elle dit "oui", c'est que ce n'est pas une dame du monde.

Maintenant que nous avons clarifié ces points essentiels de vocabulaire, nous pouvons approfondir notre propos en procédant à un panorama des mauvaises habitudes dont vous devrez vous départir.

Première mauvaise habitude : user de subterfuges pour masquer votre intention véritable. 

Vous vous imaginez sans doute pouvoir sauter les premières étapes de la séduction à l’aide d’arguments fallacieux, de raisonnements alambiqués ou de prétextes savamment orchestrés ? Cette attitude illustrée par le document 2. ne fera que dévoiler votre empressement. Est-ce là vraiment ce que vous voulez ? 

Document 2. Un subterfuge fort peu subtil pour raccompagner une dame du monde jusqu’en bas de chez elle, voire encore plus loin.

Deuxième mauvaise habitude : trop embellir les faits. 

N’ayons pas peur d’affronter la réalité : vous n’êtes ni Maverick, l’aviateur intrépide, ni Ethan Hunt, l’agent secret équilibriste et transformiste, ni Jerry Maguire, l’agent des stars hollywoodiennes. Vous présenter comme celui que vous n’êtes pas ne vous fera récolter que regards moqueurs et quolibets (document 3). Est-ce là vraiment ce que vous voulez ?

Document 3. Des histoires à dormir debout qui ne laissent personne dupe.

Je sens poindre en vous comme un début de désarroi : quelle attitude adopter alors ?
Pourquoi ne l’inviteriez-vous pas  à danser ? Voilà une attitude cavalière, n'est-ce pas monsieur Victor ?

Document 4. Monsieur Victor trouve que c’est une attitude cavalière.

Bien souvent, une fois sur la piste de danse, vous perdez vos mots. Vous devenez incapable de trouver un autre thème de conversation que celui de l’assouvissement des besoins physiologiques les plus primaires (document 5), sujet des plus rebutants. Ce cruel manque de savoir-vivre a la triste conséquence suivante : il annihile en un claquement de doigts l'aura de prince charmant que vous aviez réussi à vous donner. Est-ce là vraiment ce que vous voulez ?

Document 5. Monsieur Robert en manque d’inspiration.

Document 6. Madame Nicole refuse d’aller plus loin.

Le document 6 laisse transparaître les conséquences directes d’un aussi cruel manque de conversation : une demoiselle fort accorte éconduit un homme que nous pourrions humblement qualifier de pseudo beau gosse sur le retour.

Mais comment entretenir le dialogue sur la piste de danse entre les différents temps d’une valse ? C’est un épineux problème que celui auquel nous voilà confrontés ! Heureusement, plusieurs solutions s’offrent à nous.

La première d’entre elles est de la faire rire. Mais pas n’importe comment, restez toujours un homme de tact, de goût et de raffinement. N’allez pas lui raconter d’un air rubicond la dernière grivoiserie de vestiaire entendue après votre séance d’exercices physiques hebdomadaire (document 7). Peu importe que vous l’ayez trouvée cocasse, cela serait une impardonnable faute de savoir-vivre qui se traduirait par un refroidissement soudain et irrémédiable du ton de la conversation avec l’être convoité (document 8). Est-ce là vraiment ce que vous voulez ? 

Document 7. L’histoire de la naine sexy.


Document 8. Votre interlocutrice après que vous lui ayez proposé une deuxième histoire drôle.

Je sens à nouveau poindre en vous inquiétude et désarroi. Comment faire rire une femme tout en restant subtil et raffiné, alors ? Reprenez vos esprits : la manière existe et elle nous vient d’outre-Manche. C’est l’humour anglais. A mi-chemin entre l’ironie et l’autodérision, il consiste à déclamer d’un ton parfaitement naturel une assertion en totale contradiction avec la situation environnante. Etudions un exemple (document 9). Monsieur Colin et Madame Keira sirotent une boisson infusée à base de plantes, en admirant un coucher de soleil depuis la terrasse d’une maison à la campagne. C’est alors que Monsieur Colin émet une remarque légèrement décalée, soigneusement synchronisée, toute en maîtrise. La bienséance m’interdit de vous donner plus de détails sur la tournure que prendra la suite de leur relation.

Document 9. Brillante démonstration d’humour anglais.

Pour entretenir une conversation avec une dame du monde, vous pouvez également lui parler d’elle.  Mais encore une fois, ne vous élancez pas à brûle-pourpoint dans je ne sais quelles considérations irréfléchies. Vous risqueriez de froisser sa susceptibilité, voire pire, vous risqueriez de lui rappeler les affres de la réalité (document 10). Est-ce là vraiment ce que vous voulez ?


Document 10. Une façon de parler à une femme qui pourrait être améliorée.

Il y a différentes façons de parler à une femme d’elle-même et toutes ne sont pas bonnes. Mais alors, comment séparer le bon grain de l’ivraie ? Question délicate qui mérite d’être traitée par un expert patenté : Monsieur Marcel.


Document 11. Monsieur Marcel, expert, qui se remet doucement d’une soirée chargée.

Monsieur Marcel : « Tu veux que je t’explique comment faire des compliments à une femme ? Bon le plus simple c’est que je te raconte ma soirée d’hier au Macumba. J’avais ferré un joli petit lot. Tiens regarde la diapo 12, c’est elle, de dos. J’ai décidé de ne pas prendre de risque, de poser les bases calmement, bref de m’échauffer. »


Document 12. Monsieur Marcel s’échauffe.

Monsieur Marcel : « Tiens tu vois sur la diapo 13, je commençais à être bien chaud donc j’ai décidé de mettre du rythme et de me lancer, de me laisser porter par mon inspiration et l’instant présent… ». 


Document 13. Monsieur Marcel se lance.

Monsieur Marcel : « Une fois lancé, je suis impossible à arrêter. Un véritable boulet de canon. Percutant et doux, incisif et sirupeux, tout en souplesse, sans suivre un plan de jeu. En restant moi-même, quoi. »


Document 14. Monsieur Marcel est un boulet de canon.

Monsieur Marcel : « Et là je donne tout. Le sprint final. Les derniers mètres en apnée et je ne suis même pas essoufflé. Belote, rebelote et dix de der. »


Document 15. Monsieur Marcel passe la ligne d’arrivée.

Monsieur Marcel : « Tu vois c’est facile ! Y'a pas de quoi en faire un cinéma »


Document 16. Monsieur Marcel nous dit que c’est facile.

Encore une fois, la bienséance nous interdit de donner plus de détails sur l’instant de convivialité qu’ont partagé Monsieur Marcel et son amie nouvellement rencontrée, dans le camping-car de ce dernier. 

Le prochain cours sera donné par Monsieur Victor et aura pour thème « Comment affûter son flair pour devenir un vrai chasseur ? ».


Document 17. Monsieur Victor, un homme qui a du nez.

Avant de nous quitter, peut-être que l'une d'entre vous, mesdames, aimerait donner son avis sur cette leçon de charme et d'étiquette ?

Document 18. Le retour d'une dame du monde sur cet article