mercredi 31 juillet 2013

Un peu de poésie

Je sais que ma cousine Marie est née en mai : elle a le tempérament de quelqu'un qui a été accueilli lors de sa venue au monde par un soleil qui brillait, des oiseaux qui chantaient et des arbres en fleurs. Mais si je connais le mois de sa date de naissance, je n'en connais pas le jour.

Ce premier mai, je me suis dit que j'allais tout simplement la demander à son frère. Sauf qu'il avait changé de numéro un an avant et que j'avais oublié de l'enregistrer. Le dix, je me suis dit que j'allais lui souhaiter son anniv le 15. Je me tromperais peut-être, mais pas de plus de deux semaines, l'honneur et les relations familiales seraient saufs. Et de toutes façons, il lui arrive souvent de se planter au moment de me souhaiter mon anniv donc ça aurait été un peu osé de sa part de m'en tenir rigueur. Sauf que le 15, j'étais persuadé qu'elle était née le 19. Et le 19, j'ai oublié de le lui souhaiter... Mais elle était née le 31, d'accord, j'avais un peu hésité avant, mais maintenant j'en étais certain. Et puis le 31, je me suis souvenu qu'en fait c'était l'anniv de Mélissa et non pas de ma cousine.

Début juin, pour sauver les meubles, j'ai décidé de frapper un grand coup en composant pour elle ce qui suit.

Je n’ignore pas qu’il est une date en mai
Qu’il eût été courtois pour moi de te souhaiter.
Le dix-neuf ? Le trente ? Ou peut-être bien le vingt…
Occupé à chercher, je ne vis poindre juin.

Combien de fois ai-je amèrement souligné
Un très léger défaut de ton calendrier
Alors qu’une erreur de seulement quelques heures
N’avait pas d’importance en mon for intérieur ?

A moi le fiel, l’opprobre, que dis-je, la turpitude,
Si je ne corrige prestement cette attitude !
Vite ! Lui écrire une épître ! Mais quoi ? Un sonnet !

Daigne accepter mes excuses et ces quelques vers.
Je te souhaite en retard un bon anniversaire,
Et je salue ta clémence, et son masculin.

(Ce dernier vers faisant référence à son copain)

J'ai fait profil bas pendant quelques jours pour lui laisser le temps de préparer un retour élégiaque, et elle m'a appelé : "Jérôme, je vais faire étudier ton texte par mes élèves" (elle est prof de français). J'étais flatté derrière le combiné. Je suis resté silencieux pour l'empêcher de voir que je rougissais. Elle a continué : "Non, c'est une blague ! Bon tu sais que normalement dans un sonnet tu dois alterner rime féminine et rime masculine ?". Là, elle s'est lancée dans un commentaire abscons en pointant les "absences notoires d'anacoluthes, de syllepses et de diérèses à l'hémistiche". Je n'avais toujours rien dit, et je voyais rien d'autre à faire que continuer sur ma lancée. Elle a porté le coup de grâce avant de raccrocher : "De toutes façons je suis née en février".

Sa réponse à mon poème m'avait un peu paumé, je dirais même plus, j'étais sonné.

C'est bien la dernière fois que je me prends la tête pour lui souhaiter son anniversaire de manière personnalisée. La prochaine fois, je lui paierai un verre. Ou je lui ferai livrer un joli bouquet. Et pour ça Marie est née au moment parfait : les iris fleurissent à la fin du mois de mai.

vendredi 12 avril 2013

L’humour lorrain, c’est quand c’est drôle et que ça ne parle pas de crème fraîche.

Une fois n’est pas couture, comme disait Charlély, j’ai décidé de faire la promo d’un blog que j’aime bien, Alicetbert.

Ce blog est tenu par deux pintades messines. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec la volaille, la pintade messine se situe entre la gallinette cendrée et le chapon germanopratin. Les plus futés d’entre vous auront compris que les rédactrices ne s’appellent pas Micheline et Henriette, et encore moins Gertrude et Joséphine. Bert est une passionnée de photographie colombienne qui se drogue au Sanytol. Quant à la deuxième, Alice, ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est le Nutella et Joseph Gordon Lewitt, plutôt ensemble que séparément. Elles m’avaient contacté pour une interview lors de leur étude sur "l’homme-trophée", c’est comme ça que j’ai fait leur connaissance, et avec le temps je me suis mis à leur donner des conseils ici ou .

Bon mais de quoi parle-t-il ce blog ?

Alicetbert vous fait voyager dans une contrée lointaine peuplée d’individus étranges : Jean-Poney qui vous insuffle une haleine de café/clope dès le lundi matin, Marie-Melon qui a une capacité respiratoire surdéveloppée, Jean-Crush, celui sur qui elles ont jeté leur dévolu et qui aura peut-être le privilège d’être rebaptisé Jean-Love… Bien entendu, le blog relate des aventures extraordinaires : "Alicetbert va chez le coiffeur", "Alicetbert entame un régime" pour ne citer que les plus palpitantes d’entre elles.

Y’a-t-il des sujets tabous ?

Oui : une fois j’ai utilisé le terme "crème fraîche" dans un commentaire. Je me suis fait bannir.

A qui ce blog s’adresse-t-il ?

Ce blog s’adresse aux femmes capitaines d’infanterie qui roulent des patins aux conscrits, aux femmes ayant réussi l’amalgame de l’autorité et du charme, bref, aux femmes nées dans les années 80, et aux hommes qui cherchent à les comprendre (messieurs connaissez-vous la différence entre une tenue d’intérieur et un pyjama ? Savez-vous ce qu’une femme attend d’un coiffeur quand elle lui demande de "couper tout en gardant la longueur" ?).

Est-ce qu’elles postent souvent ?

C’est là que ça se complique. Premier problème : le comité de rédaction se réunit lors de soirées "apérobic" : elles se munissent d’une bouteille de Chardonnay, d’un stylo, et ça part en cacahuètes. Quand elles reprennent leurs esprits le lendemain en fin de matinée, elles prennent deux aspirines chacune, relisent ce qu’elles ont écrit la veille, se jettent un regard approbateur et le postent sur leur blog. Deuxième problème : la moitié du comité de rédaction consacre une bonne partie de son temps à la fréquentation d’une salle de sport, ce qui restreint d’autant le temps qu’elles consacrent à l’écriture.

Un fan qui trouve qu’elles ne postent pas assez souvent d’articles

Je vous invite donc à aller faire un tour sur ce
blog mais attention à ce que vous dites dans les commentaires…

mercredi 10 avril 2013

Interview de Carla Bruni inspirée de faits réels (n°2)

Carla Bruni, bonjour. Avant tout, comment avez-vous trouvé l’Elysée ?
Très facilement ! Vous voyez quand on est rue Royale et qu’on va vers la place de la Concorde, c’est tout au bout à droite, rue du Faubourg Saint-Honoré. C’est là où tout le monde va faire son shopping.

Hum ! Vous voilà donc redevenue chanteuse… 
Oui… J’ai compris que je ne pourrai pas cumuler les professions de chanteuse et de première dame lors d’un dîner avec M. et Mme Obama. J’avais joué un peu de guitare juste avant. Je vous laisse imaginer l’état de mes ongles pendant le repas. C’était une catastrophe : le vernis s’est effrité malgré le top coat. Toute la nation était ridiculisée. C’est mon pire souvenir des cinq dernières années. D’ailleurs, peu de temps après, la France a perdu son triple A, tout cela par ma faute, vous imaginez ? Je suis impardonnable.

Vous évoquez votre "pire souvenir". Lequel était le meilleur ?
C’était à une réunion des chefs d’états européens pour statuer sur le sort de la Grèce. Je portais des escarpins Prada, une jupe Paul Smith et une veste Saint-Laurent. Pour moi, c’est ça, l’Europe multiculturelle. Non… En fait mon meilleur souvenir je crois que c’était en Afrique, dans un bidonville où tous les enfants avaient le ventre gros comme un ballon à cause de la malnutrition. Je leur ai expliqué qu’il fallait qu’ils mangent cinq fruits et légumes par jour. C’est ça aussi, être première dame : se rendre utile, faire le bien au-delà des frontières.


Revenons à votre nouvel album : "Little French Songs". Une des chansons s’appelle "Mon Raymond". Est-ce que c’est une
 circonvolution pour protéger quelqu’un de votre entourage ?

Ah non ! Là c’est jusque que je cherchais une rime avec "bon" et que "Nicolas" ça n’allait pas. J’ai failli l’appeler Raoul mais j’aurais été à court de rimes après "déboule", "boule", "cool" et "roucoule". Du coup je l’ai appelé Raymond. En fait ce n’est pas dur d’écrire des chansons. Mais ça m’est déjà arrivé de faire des "circonvolutions" comme vous dites, notamment dans la chanson "Raphaël" où je parlais d’un de mes… Amis.

Qu’avez-vous pensé de l’attitude de Gérard Depardieu ?
Depardieu est un être merveilleux, un artiste au talent immense et de surcroît un amant… pardon un "ami" formidable. C’est quelqu’un de très généreux : rappelez-vous de son aide lors de la campagne de mon mari en 2007 ! C’est aussi un homme très simple : lors d’un repas après un meeting, je l’ai vu faire honneur au dessert (rires) ! Nous servions un baba au rhum dont j’avais supervisé moi-même la préparation.

Vous ne vous êtes pas prononcée sur le mariage pour tous.
Je ne suis ni pour, ni contre, bien au contraire.

Une dernière question pour conclure : est-ce que vous avez des projets ?
Oui j’envisage de faire une tournée dans toute la France, et peut-être même en Europe. Aujourd’hui le climat est plus propice que pendant le quinquennat de mon mari, vous comprenez. (Elle baisse le ton et cache le bas de son visage derrière le dos de sa main) Ne lui en parlez pas mais je le soupçonne de m’organiser une surprise pour fêter nos dix ans de mariage. Il est constamment au téléphone en train de faire des préparatifs. D’un côté, c’est un peu bizarre, c’est dans longtemps…

Attendez mais… Vos dix ans de mariage… Ça nous projette en 2017 ! C’est justement une année électorale !
Ah bon ? 


vendredi 15 février 2013

Il y a des moments dans la vie d'un homme où...

Il y a des moments dans la vie d'un homme où il se trouve seul, face à son destin.
Moi, c'est quand je dois faire un cadeau. Ce n'est pas un problème de radinerie ou de volonté mais à chaque fois que je dois faire un cadeau, il y a des complications. Premièrement, il faut avoir une idée de ce qu'on va offrir. Ainsi, deux heures avant l'anniversaire de ma sœur cet été, j'ai reçu l'appel d'une cousine.
Marie : "Hé Jérôme t'as acheté quoi comme cadeau à ta sœur ? Je peux participer ?"
Jérôme : "T'as oublié à qui tu t'adressais ? Je n'ai pas encore trouvé de cadeau ! Je crois que je vais lui acheter un livre..."
Marie : "C'est un livre que tu as aimé ? Il paraît que c'est mal poli d'offrir des livres qu'on n'a pas lus..."
Deuxièmement, si on achète un livre, il faut qu'on l'ait déjà lu. Ce principe de politesse est assez juste. Après tout, si on offre un livre qu'on n'a pas lu, on sous-entend un peu : "Tiens je t'offre un bouquin... Non je ne l'ai pas lu, tu sais bien que ma vie est trop palpitante pour que j'aie du temps à consacrer à ces conneries. Mais toi, avec ta vie de merde je suis sûr que tu trouveras le temps de le lire et avec tes goûts de chiottes, je suis sûr que ça va te plaire. Allez bon anniv’ !".
Troisièmement, un objet quelconque n'a le statut de "cadeau" qu'une fois qu'il est recouvert d'un assemblage compliqué de papier coloré et de scotch aussi connu sous le nom d’« emballage ». Les miens m'ont rarement emballé. Il y a longtemps, j'avais connu une fille qui faisait les paquets à l'Univers du Livre pour payer ses études. Elle avait mon âge, mais ses facultés étaient nettement plus développées : vous lui donniez n'importe quoi, elle y jetait un coup d'œil désinvolte et deux coups de ciseaux plus tard elle vous rendait votre cadeau empaqueté à la perfection. Aujourd'hui, je ne sais pas ce que cette fille est devenue. Elle doit probablement travailler dans un ministère ou dans la recherche contre le cancer.
J'avoue avoir cédé quelques fois à la tentation de la pochette cadeau Fnac : une enveloppe kraft gaie comme un jour de pluie avec le logo du magasin pour toute fantaisie. Ceux qui s'occupent du marketing de l'enseigne sont des petits futés : en nous donnant un accès gratuit à ces fameuses pochettes, ils nous donnent envie d'acheter du papier cadeau.
Pour ne rien vous cacher, il n'y a pas si longtemps, alors que les jours qui me séparaient de Noël pouvaient se compter sur les doigts d'une main de menuisier, j'étais au bord du gouffre. Comme l’écrivait Aragon :
Il n'aurait fallu,
Qu'un moment de plus
Pour que la mort vienne.
Mais une main nue
Alors est venue
Et a pris la mienne.
Et oui car je n'étais plus « seul face à mon destin » ! Ma copine m'a rassuré en quelques mots : "Je suis super forte pour faire des cadeaux ! Demain matin, on ira dans la boutique en face de chez moi. Ils y vendent du vin, tu trouveras sûrement un cadeau pour ton père. Pour ta sœur, on ira dans un magasin de fringues un peu plus loin dans la rue et pour ta mère...". Là je l'ai arrêtée. Pour ma mère, j'avais déjà une idée. Non mais oh ! Je ne suis pas complètement nul non plus.
Le lendemain, en trois quart d'heure, c'était bouclé. Et en rentrant on s'est partagé les tâches : moi je la débarrassais de son reste de tartiflette et elle, elle faisait mes paquets cadeaux.
Sur le trajet du retour, chargé comme un mulet, une pensée glaçante m'a traversé l'esprit. Il fallait que je trouve un cadeau pour ma copine...
Il y a vraiment des moments dans la vie d'un homme où il se retrouve seul, face à son destin.

mercredi 13 février 2013

Il était à Bruxelles une fois


C’est dur pour tout le monde ce vendredi matin à 7h15 sur le parvis de la fac, d’autant plus qu’il a neigé pendant la nuit. Ce qui rassemble 80 personnes avant l’aube en plein hiver n’a rien à voir avec les études : nous partons en week end dans le pays de Gérard Depardieu, la Belgique.

Bruxelles, c’est à 4h de bus de Paris. 4h de bus, c’est sensiblement moins long que 4h d’économétrie des données de panel, mais c’est long quand même. J’ai trouvé un truc pour nous occuper : Robin habite à perpette de la fac, dans une petite bourgade nommée Viarmes. Si vous ne connaissez pas c’est normal. Si vous connaissez, je suis désolé pour vous. Le bus file sur l’autoroute en rase campagne, le paysage est aussi blanc qu’une de mes copies de stats pendant ma première année de licence, et Robin annonce innocemment : « on ne doit pas être très loin de chez moi là… ». Il a réveillé la bête : dès que j’aperçois une bicoque je lui demande si c’est chez lui. Quand je vois une grange, je lui demande si c’était son lycée. Ce petit jeu nous occupe jusqu’à ce que le chauffeur nous annonce que nous allons faire la pause de mi-parcours. A la station-service, la caissière me demande « deux euros nonante-cinq ». Je contiens difficilement un « plaît-il ? » mais l’écran de sa caisse enregistreuse m’affiche le prix avec des chiffres. Nous sommes en Belgique.

La première après-midi est un peu compliquée. Sur le programme, il était indiqué que nous devions assister à une conférence à la Commission Européenne à 14h, mais nous avons décidé de représenter la France à l’international en arrivant à la bourre. La Commission nous attendra.

Je ne sais pas ce qui m’a pris de m’asseoir au premier rang. Le conférencier maîtrise son sujet. Ce qu’il raconte, c’est du lourd, du très très lourd. Mes paupières aussi, c’est du lourd, du très très lourd. Il est juste en face de moi, et dans un souci de savoir vivre, je ne peux pas m’endormir. Mais physiquement, je peux. J’ai pu. Trois fois. Quand je me suis réveillé la troisième fois, c’était pour l’entendre terminer une phrase « … je dis notamment ça à tous ceux qui cherchent un stage ». Et merde. Si je ne trouve pas de stage pour clôturer mon M2, je ne pourrais vraiment m’en prendre qu’à moi-même. Sa conférence dure depuis maintenant une heure et demie. Petit à petit, ses propos, ses slides et son ton laissent deviner une conclusion imminente, mais non : « C’est donc la fin de cette première partie ». Je pars m’offrir une double dose de nicotaféïne et à mon retour mes voisins jouent avec une petite pochette bleue. Dedans il y a un poncho estampillé « Commission Européenne ». Il m’en faut un absolument au cas où l’envie me prendrait d’aller à une soirée poncho, de tourner un remake des visiteurs ou si les douanes écossaises se décidaient à me laisser passer la frontière, mais la conférence a déjà repris. Du coup je surveille le tas de pochettes sur la table, de peur qu’on ne l’enlève. Je surveille aussi Fabien qui a fait la connaissance de la petite Séréna dans le bus. Ils se sont mis tout au bout de la salle et se font des chatouilles. Quand son regard croise le mien, j’imite Kheiran dans Bref. Ça me change : d’habitude, j’ai plutôt le rôle de Kyan Kojandi.

Il est tard, il est temps d’aller manger. Nous nous engageons dans de petites ruelles et là, tels Christophe Colomb avant nous en Amérique, nous découvrons une petite place super jolie. J’ai l’impression d’avoir découvert un lieu magnifique et secret, reservé aux badauds qui se perdent au gré de leur rêverie. J’avais déjà ressenti ça quand j’avais arpenté pour la première fois la rue Edouard VII à Paris. Plus tard, nous apprendrons que nous étions sur la Grand Place, le lieu le plus touristique de Bruxelles. Un peu plus loin dans notre cheminement, nous trouvons une bonne auberge. Moi quand je suis à l’étranger, j’aime manger local. J’ai donc commandé une pizza Manneken Pis.

Nous décidons de poursuivre la soirée au Delirium mais les videurs ne veulent pas nous laisser entrer avec notre bouteille de whisky, notre coca et nos gobelets, donc nous retournons sur la Grand Place pour la siffler. Il ne fait qu’une demi-douzaine de degrés en dessous de zéro. Concernant la suite de la soirée je dois reconnaître que mes souvenirs sont un peu flous, je me souviens avoir pris des shots d’absinthe, avoir chanté « toi qui voulais… » avec un amateur de chanson française francophone et avoir fini dans les choux de Bruxelles jusqu’à ce qu’une voix me harangue à un carrefour : « hé Jérôme tu rentres avec nous ? ». C’était des compagnons de voyage qui avaient une place de libre dans leur taxi (Marianne tu me diras combien je te dois).

"Ils étaient comme ça vos agresseurs ?"


Le lendemain matin, on entend les exploits de la soirée. Ça commence à 8 heures avec cette cruche de Séréna qui nous réveille pour nous raconter qu’elle a pris de la MDMA et qu’elle a trop la pêche pour se coucher. A 9 heures, c’est un dur qui raconte qu’il a couché 5 mecs qui l’attaquaient à lui tout seul1. A 10 heures, c’est Paulo qui raconte que 5 mecs ont voulu coucher avec lui comme ça se fait dans les caves de nos banlieues (plus tard, on leur demandera si ses 5 mecs étaient les mêmes que ceux du gros dur, mais non. On leur demandera aussi pourquoi ils n’ont pas passé la soirée ensemble, l'un aurait protégé l'autre). Comme tout ce petit monde ne veut pas laisser dormir ceux qui sont couchés (de leur plein gré, eux), à 11 heures, je me lève et je me prends les pieds dans une grande toile en nylon. Mais bordel qui est le con qui a ramené un poncho dans la chambre ?

Toute ressemblance entre cette définition 
et une personne citée plus haut est absolument fortuite


Le programme de la journée est plutôt light : un musée de la bière sans conférencier cette fois-ci (on a eu notre dose la veille), le Manneken Pis et un petit vin cuit sur la Grand Place. Ce n’était pas un grand cru, puisqu’il était cuit. Il était vachement bon quand même.

Le soir on décide de se chauffer tranquillement dans une chambre voisine avec un petit jeu calme (le mafieux) et seulement une bouteille de whisky et une de vodka. La chambre dont je parle avait l’affluence d’une gare et la fréquentation d’un squat. Un gros barbu est sorti d’un placard, il a salué Jesse et Chester, il a pissé dans le pot d’une plante verte et il est retourné d’où il venait. Métro2, bar, absinthe et trou de mémoire. En rentrant à l’auberge de jeunesse Fabien décide de fumer une clope dans la salle de bains. On le suit. Après avoir passé une vingtaine de minutes dans cette petite pièce nous découvrons, posé sur un radiateur, un sandwich comme on en voit dans la série How I met Your Mother.


"Hé mais je te reconnais toi3..."

Le lendemain, après avoir rapidement bouclé nos sacs (moi j’ai mis un peu plus de temps que les autres à cause de ce foutu poncho qui prenait vachement plus de place une fois sorti de sa pochette), j’ai insisté pour que nous allions manger des frites. Ca aurait été un crime de ne pas en manger au pays de la bédé, de la fricadelle et de Marc Dutrou Jacques Brel.

Dans le bus, sur le trajet du retour, une fille me fait remarquer que le chauffeur a une pelle derrière son siège. Avec les autres, on en avait vu sur des écussons qui ornaient la Grand Place, et on s’était demandé si ce n’était pas l’emblème de la Belgique, un peu comme notre coq ou notre fleur de lys. Du coup, j’aurais bien ramené une pelle en souvenir. Je ramène des souvenirs à la pelle, c’est déjà pas mal.



1C'est probablement ce que l'ethnologue René Gosciny appelle des "carabistouilles" dans son ouvrage Astérix chez les Belges.

2Si je vous dis que sur une même ligne vous avez les stations « Eddy Merckxx », « Place de la roue », et « Saint-Guidon » vous me croyez ou pas ? Et si je vous dis qu’il y a une station qui s’appelle « Jacques Brel » ?

3Jeu Concours ! La première personne qui reconnaîtra également cette personne et qui m'enverra un mail avec son nom gagnera un magnifique poncho, état neuf, jamais servi.



jeudi 31 janvier 2013

Un amour de...


Un soir, après le badminton, mon pote Alain me dit : "J'ai vu ton blog ! Le titre est drôle ! Avec une référence cinématographique en plus...".

Comment ça "une référence cinématographique" dans l'intitulé de mon blog ?

J'ai repensé au moment où il avait fallu que je lui choisisse un nom. J'avais hésité entre "Une Twingo nommée désir" ou "La dernière Twingo à Paris" en clin d'œil à des films qui ont deux points communs. Le premier, c'est que Marlon Brando y joue le rôle principal. Le deuxième, c'est que je ne les ai pas vus. La présence de la star d'Hollywood ne me gênait pas tellement. Le second point commun des films m'embarrassait un peu plus. Question d'honnêteté intellectuelle, vous comprenez : je ne suis pas de ceux qui essaient de se faire mousser en évoquant des films qu'ils n'ont pas vus. Du coup, j'avais opté pour "Un amour de Twingo" sans en être pleinement satisfait.

Mon visage a dû prendre une expression dubitative parce qu'Alain s'est senti obligé de s'expliquer : "Tu ne faisais pas référence au film "Un amour de Coccinelle" ?".

Zut… Il va falloir que je le télécharge en urgence.

mardi 29 janvier 2013

Mais qu'est-ce qu'elles ont toutes avec Michel Onfray ?

Michel Onfray a un effet complètement irrationnel auprès des femmes. Je veux bien admettre qu’elles le trouvent mignon quand elles tombent sur lui en zappant pendant la pub de Nouveau Look pour une Nouvelle Vie, mais de là à se prendre de passion pour le personnage, il y a un monde. Rien que dans mon entourage, il y en a trois qui sont folles de lui : Alice, Marie, et la mère de Marie. Ca fait trois deux de trop. Mais qu'est-ce qu'elles lui trouvent ?

Tout a commencé au cours d'une discussion avec Marie. Je ne sais plus comment on en est arrivés là, mais elle s'est mise à me raconter à quel point elle serait comblée si elle était en ménage avec Michel Onfray. Pour en savoir plus, et j'ai mené mon enquête auprès d'une fille qui a aussi un penchant prononcé pour le philosophe, Alice.
Jérôme : "Mais qu'est-ce que vous avez toutes avec Michel Onfray ?"
Alice : "Il est sexy".
Jérôme : "Oui, mais à part ça ?"
Alice : "Il est beau, intelligent, cultivé, réfléchi, riche, généreux, il passe dans les médias, il est reconnu..."
Jérôme : "Oui, mais à part ça ?"
Alice : "..."
Jérôme : "Ah, tu vois qu'il n'a pas grand chose pour lui !"

Alice a interrompu la discussion avant de me donner une explication plausible à l'attrait qu'exerce Michel Onfray sur la gent féminine. Je me vois obligé d'admettre qu'il est attirant. Soit. Amie lectrice, j'ai imaginé pour toi à quoi ressemblerait ta vie avec Michel.

Situation 1.
Il est 17h30, tu rentres chez toi et tu rêves d'un bon goûter depuis que tu es partie du boulot. Et pourquoi pas des cookies trempés dans du lait ? Certes ce n'est pas bon pour ta ligne, mais tu t'en es privée depuis trop longtemps. Ta décision est prise, la boîte ne survivra pas jusqu'à demain. Dès la première bouchée de biscuit imbibé de lait, tu lances un "oh mon dieu !" de satisfaction. Pas de chance, Michel était dans les parages. "Ba alors pupuce ? Je pensais que tu avais lu mon traité d'athéologie ! Il faut que tu cesses de faire des amalgames et d'associer des choses terrestres à une essence divine par un lien de causalité. Combien de fois t'ai-je dit que tu devais t'affranchir de la matrice judéo-chrétienne ?". S'ensuit un sermon d'une heure et demie rempli de chacals ontologiques, d'inertie religieuse, de changements de paradigmes épiscopaux et de plein d'autres trucs métaphysiques. Alors, heureuse ?

Situation 2.
C'est un peu avant les fêtes. Tu feuillettes Biba ou Marie-Claire dans le canapé du salon, comme à ton habitude et là, c'est le coup de foudre pour un sac à mains. Il est un peu cher, certes, mais si Michel finance une université indépendante, il peut bien te l'offrir. Tu lui montres la photo, en soulignant la marque du doigt et tu lui lances innocemment "J'adore". Michel n'est pas con, il a compris le message. Le 25 décembre quand il te donne ton cadeau avec l'assurance du type qui sait qu'il a fait mouche, tu es un peu surprise devant la taille du paquet : il est tout petit ! Tu commences à douter intérieurement "Mon sac à main ne tiendra jamais là dedans... Ca doit être un portefeuille". Tu défais l'emballage et là, ô surprise ! L'intégrale de Louis-Ferdinand Céline en Pléïade ! Et c'est là que Michel, au lieu de faire profil bas, en rajoute une couche avec un sourire apaisé au coin des lèvres : "Voilà tu m'avais dit que tu adorais Céline mais je ne savais pas lesquels tu avais déjà lu. Dans ce volume, en plus de "Voyage au bout de la Nuit" et de "Mort à Crédit" tu as des inédits et des suppléments épistolaires. Ca te plaît pupuce ?".

Pour celles qui trouvent encore le philosophe séduisant, je me vois forcé de citer des passages de la tribune que le NouvelObs lui a accordé début septembre. Je n'aime pas en arriver là mais vous m'y obligez. Extraits choisis qui se passent de commentaires.
"Je pense que les femmes [...] doivent [...] être maltraitées et soumises à leur mari".
"Je me suis toujours prononcé en faveur [...] du machisme, de la phallocratie et du patriarcat".
"Cela fait trés longtemps que je tiens des propos [...] intolérants [...] et que je pratique [...] la chasse au bébé phoque. Cela ne [...] m'a jamais [...] gêné [...] outre mesure".
C'est écrit noir sur blanc.

Pour terminer ce billet, je tiens à mettre en garde le conférencier Olivier Pourriol et le présentateur télé Raphaël Enthoven (ce sont des lecteurs réguliers). Ce que j'ai écrit concernant Michel Onfray vaut aussi pour eux, qu'ils se le tiennent pour dit.